Eugenio Barba

(1936-

Italie

 

Dans les siècles passés existaient les Théâtres Anatomiques. En ce temps-là aussi se mêlaient sur les gradins des spectateurs affamés et assoiffés et des spectateurs curieux et fats, des philosophes sourcilleux et des jeunes croyants attirés par le mystère fascinant et effrayant de l'homme ouvert.
En bas, le chirurgien et l'homme ouvert dissimulaient, derrière la révélation des organes et la méticulosité des indications, leur propre mystère. "Comment est-il arrivé là ?" se demandait-on à propos de l'un. "Pourquoi le fait-il ?" se demandait-on à propos de l'autre.
Semblable à l'un et à l'autre en même temps - au corps ouvert et au chirurgien savant et hérétique qui l'ouvre - est la présence de l'acteur et ce qui, malgré tout, est son mystère.
Notre théâtre anatomique ne concerne pas seulement le corps de l'homme. Il concerne ses actions et ses rapports à l'intérieur des événements sociaux, à l'intérieur des conflits historiques : les tensions et les oppositions qui constituent les règles profondes des diverses réalités.
Il signifie : vision de ce qui se cache sous l'épiderme.
Semblable au Théâtre Anatomique est le théâtre auquel nous pensons, à mi-chemin entre spectacle et science, entre didactisme et transgression, entre horreur et admiration.

Juin 1979. "La course des contraires".

 

Piste

La Terre de cendres et diamants

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